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SCÈNE II.

spirituel par moi-même, mais je suis cause de tout l’esprit qu’ont les autres hommes… Marchant ainsi devant toi, je suis comme une truie qui a écrasé tous ses petits hormis un seul. Si le prince ne t’a pas mis à mon service uniquement pour me faire repoussoir, eh bien, je n’ai aucun jugement. Méchante pousse de mandragore, tu ferais bien mieux comme aigrette à mon chapeau que comme valet à mes talons. C’est la première fois que je suis pourvu d’une agate. N’importe ; je ne vous monterai ni dans l’or ni dans l’argent, mais je vous enchâsserai dans le plus vil appareil, et je vous renverrai à votre maître, petit bijou ; oui, au prince votre maître, ce jouvenceau qui n’a pas encore de duvet au menton. Je verrai la barbe me pousser dans la paume de la main avant qu’il en ait sur les joues : et pourtant il n’hésite pas à dire que sa face est une face de souverain. Dieu la terminera quand il voudra, elle n’a pas encore un poil de trop ; il a beau dire que c’est une face de souverain ; pour un barbier elle ne vaudrait pas six pennys ; et pourtant il se dresse sur ses ergots, comme s’il était déjà un homme fait quand son père n’était encore qu’un bachelier ! Il peut, tant qu’il voudra, être fier de Sa Grâce, il n’est guère en grâce auprès de moi, je puis le lui assurer… Qu’a dit maître Dumbledon à propos de ce satin pour mon manteau court et mon haut-de-chausses ?

le page.

Il dit, messire, qu’il faut que vous lui donniez une meilleure caution que Bardolphe ; il ne veut prendre ni son billet ni le vôtre ; il ne se contente pas de cette sûreté-là.

falstaff.

Qu’il subisse la damnation du glouton ! et puisse la langue lui brûler plus encore !… Un fils de putain ! Un misérable Achitophel !… un fieffé manant ! tenir un gen-