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HENRI IV.

le prince henry.

— Elles ne seront pas acceptées, sur ma vie ! — Le Douglas et l’Hotspur réunis — tiendraient tête à l’univers en armes.

le roi.

— À l’œuvre donc ! chaque chef à son poste ! — Car, sur leur réponse, nous leur courrons sus ; — et que Dieu nous assiste, comme notre cause est juste !

Sortent le roi. Blunt et le prince John.
falstaff.

Hal, si tu me vois tomber dans la bataille, couvre-moi de ta personne : c’est un service d’ami.

le prince henry.

Un colosse seul peut te rendre ce service. Dis tes prières, et adieu.

falstaff.

Je voudrais que ce fût l’heure du lit, et que tout fût bien.

le prince henry.

Bah ! tu dois une mort à Dieu.

Il sort.
falstaff, seul.

Elle n’est pas encore exigible ; je répugnerais à payer avant le terme. Qu’ai-je besoin d’aller ainsi au-devant de qui ne s’adresse pas à moi ? Allons, peu importe. L’honneur me porte en avant. Oui, mais si l’honneur me porte dans l’autre monde quand je vais en avant ! après ? Est-ce que l’honneur peut remettre une jambe ? Non. Un bras ? Non. Enlever la douleur d’une blessure ? Non. L’honneur n’entend donc rien à la chirurgie ? Non. Qu’est-ce que l’honneur ? Un mot. Qu’y a-t-il dans ce mot honneur ? Un souffle. Le charmant bénéfice ! Qui le possède, cet honneur ? Celui qui est mort mercredi. Le sent-il ? Non. L’entend-il ? Non. Est-il donc chose insen-