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SCÈNE IX.

douce qui, pour peu — qu’elle devienne fastidieuse, devient fastidieuse à l’excès. — Aussi, quand il avait occasion de se montrer, — il était comme le coucou en juin, — qu’on entend sans y prendre garde ; s’il était vu, c’était par des yeux — qui, lassés et blasés par l’habitude, — ne lui accordaient pas cette attention extraordinaire — qui se fixe sur le soleil de la royauté, — quand il ne brille que rarement à la vue des admirateurs, — par des yeux endormis qui baissaient leurs paupières — somnolentes devant lui, et lui présentaient cet aspect morne — qu’un homme ombrageux a pour un adversaire, — tant ils étaient saturés, gorgés, fatigués de sa présence ! — Et toi, Harry, tu es exactement dans le même cas. — Tu as perdu ta prérogative princière — par d’avilissantes associations. Tous les yeux — sont las de ta banale présence, — excepté les miens qui auraient désiré te voir davantage, — et qui maintenant encore, en dépit de moi-même, — sont aveuglés par une folle tendresse.

le prince henry.

— À l’avenir, mon trois fois gracieux seigneur, je saurai — mieux être moi-même.

le roi.

Par l’univers, — ce que tu es à cette heure, Richard l’était, alors — qu’arrivant de France, je débarquai à Ravenspurg ; — et ce que j’étais alors, Percy l’est aujourd’hui, — Ah ! par mon sceptre, et par mon âme, — il a plus de titres au pouvoir — que toi, fantôme d’héritier ; — car, sans droit, sans couleur même de droit, — il couvre de harnais les campagnes du royaume, — il affronte la gueule armée du lion ; — et, sans devoir à l’âge autant que toi, — il conduit de vieux lords et de vénérables évêques — aux batailles sanglantes et aux menées meurtrières. — Quelle impérissable gloire n’a-t-il pas acquise — contre cet illustre Douglas qui, par ses hauts faits, —