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SCÈNE VIII.

ment, nombre de chansons anglaises, — et j’ai ajoute à la langue d’utiles ornements, — mérite qu’on ne vous a jamais connu.

hotspur.

— Morbleu, je m’en félicite de tout mon cœur ; — j’aimerais mieux être chat et crier miaou — que d’être un de ces faiseurs de ballades ! — J’aimerais mieux entendre tourner un chandelier de cuivre, — ou une roue sèche grincer sur un essieu : — cela ne m’agacerait pas les dents — autant que cette poésie minaudière. — On dirait l’allure forcée d’un bidet éclopé.

glendower.

— Allons, on vous changera le cours de la Trente.

hotspur.

— Peu m’importe, je donnerais trois fois autant de territoire — à un ami vraiment méritant ; — mais, en fait de marché, voyez-vous bien, — je chicanerais sur la neuvième partie d’un cheveu. — Les traités sont-ils dressés ? partons-nous ?

glendower.

— Il fait un beau clair de lune, vous pouvez partir de nuit. — Je vais presser l’écrivain et, en même temps, — révéler votre départ à vos femmes. — J’ai peur que ma fille n’en devienne folle, — tant elle radote de son Mortimer.

Il sort.
mortimer.

— Fi, cousin Percy ! comme vous contrecarrez mon père !

hotspur.

— Je ne puis m’en empêcher. Parfois il m’exaspère, — en me parlant de la taupe et de la fourmi, — du visionnaire Merlin et de ses prophéties, — et d’un dragon, et d’un poisson sans nageoire, — d’un griffon aux ailes