gens dans notre pays sous le nom de poix : cette poix, selon le rapport des anciens auteurs, est salissante : la société que tu fréquentes est de même. Car, Harry, en ce moment je te parle dans les larmes, et non dans l’ivresse, dans le désespoir, et non dans la joie, dans les maux les plus réels, et non en vains mots !… Pourtant il y a un homme vertueux que j’ai souvent remarqué dans ta compagnie, mais je ne sais pas son nom.
Quelle manière d’homme est-ce, sous le bon plaisir de Votre Majesté ?
Un homme de belle prestance, ma foi, corpulent, l’air enjoué, le regard gracieux, et la plus noble attitude ; âgé, je pense, de quelque cinquante ans, ou, par Notre-Dame, inclinant vers la soixantaine. Et je me souviens maintenant, son nom est Falstaff. Si cet homme est d’humeur libertine, il me trompe fort ; car, Harry, je lis la vertu dans ses yeux. Si donc l’arbre peut se connaître par le fruit, comme le fruit par l’arbre, je déclare péremptoirement qu’il y a de la vertu dans ce Falstaff : attache-toi à lui et bannis le reste. Et dis-moi maintenant, méchant vaurien, dis-moi, où as-tu été tout ce mois-ci ?
Est-ce là parler en roi ! Mets-toi à ma place, et je vais jouer mon père.
Tu me déposes !… Ah ! si tu as seulement la moitié de ma gravité et de ma majesté, en parole comme en action, que je sois pendu par les talons, comme un lapereau ou un lièvre chez un marchand de volailles !
Allons, me voici installé.