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SCÈNE VII.

le prince henry.

C’est bon, voici ma révérence.

falstaff.

Et voici mon discours… Rangez-vous, noblesse.

l’hôtesse.

Doux Jésus ! Voilà un excellent spectacle, ma foi.

falstaff.

— Ne pleure pas, suave reine, car ce ruissellement de larmes est superflu. —

l’hôtesse.

Oh ! le père ! comme il soutient bien sa dignité !

falstaff.

— Au nom du ciel, milords, emmenez ma triste reine, — car les larmes obstruent les écluses de ses yeux. —

l’hôtesse.

Doux Jésus ! il joue ça comme un de ces ribauds de comédiens que je vois encore.

falstaff.

Silence, bonne chopine, silence, bon gratte-cerveau… Harry, je m’étonne non-seulement des lieux où tu passes ton temps, mais aussi de la société dont tu t’entoures. Car bien que la camomille pousse d’autant plus vite qu’elle est plus foulée, cependant, plus la jeunesse est gaspillée, plus elle s’épuise. Pour croire que tu es mon fils, j’ai d’abord la parole de ta mère, puis ma propre opinion ; mais j’ai surtout pour garant cet affreux tic de ton œil, et cette dépression idiote de ta lèvre inférieure. Si donc tu es mon fils, voici ma remontrance. Pourquoi, étant mon fils, te fais-tu ainsi montrer au doigt ? Voit-on le radieux fils du ciel faire l’école buissonnière et manger des mûres ? Ce n’est pas une question à poser : verra-t-on le fils d’Angleterre se faire voleur et escamoter les bourses ? Voilà la question. Il est une chose, Harry, dont tu as souvent ouï parler et qui est connue à bien des