Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
HENRI IV.

hommes de bien échappés à la hart, et l’un d’eux est gros et se fait vieux. Dieu nous soit en aide ! Ah ! le méchant monde ! Je voudrais être tisserand ; je chanterais des psaumes ou n’importe quoi. Peste soit de tous les couards, encore une fois !

le prince henry.

Eh bien, sac de laine, que marmonnez-vous là ?

falstaff.

Un fils de roi ! Si je ne t’expulse pas de ton royaume avec un sabre de bois, et si je ne chasse pas tous tes sujets devant toi, comme un troupeau d’oies sauvages, je veux ne jamais porter un poil sur mon visage. Vous, prince de Galles !

le prince henry.

Ah çà ! fils de putain ! boule humaine ! de quoi s’agit-il ?

falstaff.

N’es-tu pas un couard ? Réponds-moi à ça ; et Poins aussi ?

poins.

Corbacque ! grosse panse, si vous m’appelez couard, tudieu ! je te poignarde.

falstaff.

Moi, t’appeler couard ! Je te verrai damner avant de t’appeler couard ; mais je donnerais mille livres pour pouvoir courir aussi vite que toi. Vous avez les épaules assez droites, vous autres, et cela vous est égal qu’on voie votre dos. Vous appelez ça épauler vos amis ! Peste soit de cette épaulée-là ! parlez-moi des gens qui me font face !… Qu’on me donne une coupe de Xérès !… Je suis un coquin, si j’ai bu aujourd’hui.

le prince henry.

Misérable ! tes lèvres sont à peine essuyées depuis ta dernière rasade.