Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
HENRI IV.

vous avez nommés incertains ; le moment même défavorable, et tout votre plan trop léger pour contre-balancer une si puissante opposition… » Vous dites ça, vous dites ça ? Moi, je vous dis en revanche que vous êtes un niais, un lâche, un rustre, et que vous mentez. Quel cerveau fêlé ! Pardieu, notre plan est un des meilleurs plans qui aient jamais été conçus ; nos amis sont fidèles et sûrs. Un bon plan, de bons amis, et qui promettent tant. Un plan excellent, de très-bons amis ! De quelle ardeur gelée est ce coquin-là ! Comment ! milord d’York approuve le plan et la marche générale de l’action !… Sangdieu, si en ce moment j’étais près de ce drôle, je lui ferais sauter la cervelle avec l’éventail de sa femme ! Est-ce qu’il n’y a pas mon père, mon oncle et moi ? lord Edmond Mortimer, milord d’York et Owen Glendower ? Est-ce qu’il n’y a pas en outre les Douglas ? Est-ce que je n’ai pas leur promesse écrite de venir me joindre en armes, le neuf du mois prochain ? Et est-ce que quelques-uns d’entre eux ne sont pas déjà en marche ? Quel païen que ce drôle-là ! quel mécréant ! Ah ! vous verrez à présent que, dans toute la sincérité de sa frayeur et de sa poltronnerie, il ira trouver le roi et lui découvrira toutes nos menées ! Oh ! je voudrais me partager et me mettre en pièces, pour avoir proposé à ce plat de lait écrémé une si honnête entreprise ! Le pendard ! qu’il aille tout dire au roi. Nous sommes préparés : je vais partir ce soir.

Entre Lady Percy.

— Eh bien, Kate ? Il faut que je vous quitte dans deux heures.

lady percy.

— Ô mon bon seigneur, pourquoi êtes-vous seul ainsi ?… — Et pour quelle offense ai-je, depuis quinze jours, été — banni du lit de mon Harry ? — Dis-mois, mon doux lord,