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HENRI IV.

mant jeune prince… Mais, Hal, je t’en prie, ne m’importune plus de futilités. Plût à Dieu que, toi et moi, nous sussions où acheter une provision de bonne renommée ! Un vieux lord du conseil m’a chapitré l’autre jour dans la rue à votre sujet, messire, mais je n’y ai pas fait attention ; et pourtant il parlait fort sagement, mais je ne l’ai pas écouté ; et pourtant il parlait sagement, et dans la rue encore !

le prince henry.

Tu as bien fait ; car « la sagesse crie dans les rues, et personne ne l’écoute. » (32)

falstaff.

Oh ! quelle citation sacrilége ! en vérité, tu serais capable de corrompre un saint. Tu m’as fait bien du tort, Hal, Dieu te le pardonne ! Avant de te connaître, Hal, je ne connaissais rien ; et maintenant, s’il faut dire la vérité, je ne suis guère meilleur qu’un des pécheurs. Il faut que je renonce à cette vie-là, et j’y renoncerai ; pardieu, si je ne le fais pas, je suis un coquin ! Je ne me damnerais pas pour tous les fils de roi de la chrétienté.

le prince henry.

Où prendrons-nous une bourse demain, Jack ?

falstaff.

Où tu voudras, mon garçon ! J’en suis ; si je me récuse, appelle-moi coquin, et moque-toi de moi.

le prince henry.

Bon, je vois que tu t’amendes. Tu passes de la prière à l’escamotage des bourses.


Poins entre et s’arrête à distance.
falstaff.

Dame, Hal, c’est ma vocation ! Hal. il n’y a pas de péché pour un homme à travailler dans sa vocation… Poins !… Nous allons savoir si Gadshill a une affaire en