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SCÈNE XVI.

aumerle, se jetant aux pieds de Bolingbroke.

— Puissent mes genoux prendre à jamais racine en terre, — puisse ma langue être rivée dans ma bouche à mon palais, — si je me relève ou parle avant que vous pardonniez.

bolingbroke.

— La faute est-elle en projet, ou commise ? — Si elle est encore en projet, quelque odieuse qu’elle soit, — afin de conquérir ton dévouement à venir, je te pardonne.

aumerle.

— Permettez-moi donc de tourner la clef, — que personne n’entre avant que mon récit soit fini.

bolingbroke.

— Comme tu voudras.

Aumerle ferme la porte.
york, du dehors.

— Méfie-toi, mon prince, tiens-toi sur tes gardes ! — Tu as un traître, là en ta présence.

bolingbroke, dégainant.

— Scélérat ! je vais m’assurer de toi.

aumerle.

Retiens ta main vengeresse ; — tu n’as rien à craindre.

york, du dehors.

— Ouvre la porte, roi follement imprudent et confiant ! — Faut-il que par amour je te parle en rebelle ! — Ouvre la porte ou je vais l’enfoncer.


Bolingbroke ouvre la porte. York entre.
bolingbroke.

— De quoi s’agit-il, mon oncle ? parle ; — reprends haleine ; dis-nous d’où le danger nous menace, — que nous nous armions pour y faire face.

york.

— Parcours cet écrit, et tu reconnaîtras — la trahison que ma hâte m’empêche d’expliquer.