— Faut-il donc que nous nous quittions ! faut-il que nous soyons séparés !
— Oui, il faut que la main s’éloigne de la main, mon amour, le cœur du cœur !
— Bannissez-nous tous deux, et renvoyez le roi avec moi.
— Ce serait charitable, mais peu politique.
— Eh bien ! laissez-moi aller où il ira.
— Deux infortunes qui pleurent à la fois n’en font qu’une. — Pleure-moi en France, je te pleurerai ici ; — mieux vaut être éloignés l’un de l’autre que rapprochés sans satisfaction possible. — Va, compte tes pas par des soupirs ; je compterai les miens par des sanglots.
— Mon chemin étant le plus long rendra ma plainte la plus longue.
— Mon chemin étant le plus court, je sangloterai deux fois à chaque pas, — et j’allongerai la route par un surcroît de désespoir. — Allons, allons, cessons de faire la cour à la douleur : — car, quand on épouse la douleur, c’est pour bien longtemps. — Qu’un baiser nous ferme la bouche dans un muet adieu !
— Ainsi je te donne mon cœur et te prends le tien.
— Rends-moi le mien ; ce ne serait pas bien à moi — de garder ton cœur et de le déchirer.