tence, — regagner dans un monde nouveau la couronne — que nos heures profanes nous ont enlevée ici-bas.
— Quoi ! mon Richard est-il changé et affaibli — d’esprit, comme de corps ? Bolingbroke a-t-il — détrôné ton intelligence ? A-t-il été jusqu’à ton cœur ? — Le lion mourant allonge sa griffe — et blesse la terre, à défaut d’autre chose, dans sa rage — d’être maîtrisé : et toi, comme un écolier, — tu prends la correction en patience ! tu baises la verge, — et tu rampes sous l’outrage avec une basse humilité, — toi, le lion, toi, roi des animaux !
— Roi des animaux, en effet ! Si je n’avais régné sur des brutes, — je serais toujours l’heureux roi des hommes ! — Chère ex-reine, prépare-toi à partir pour la France, — suppose que je suis mort et que tu reçois ici, — comme à mon lit de mort, mon dernier adieu ! — Dans les longues nuits d’hiver, assieds-toi près du feu — avec de bonnes vieilles gens, et fais-leur conter les récits — des âges de malheur dès longtemps écoulés ; — puis, avant de leur dire bonsoir, comme réplique à leur triste histoire, — conte-leur ma chute lamentable, — et renvoie-les en larmes à leurs lits. — Les tisons insensibles eux-mêmes, sympathiquement émus — par l’accent douloureux de ton langage, — laisseront leur flamme éplorée s’éteindre de compassion — et se couvriront, les uns de cendres, les autres d’un noir charbonnement, — pour prendre le deuil du roi légitime détrôné !
— Milord, les intentions de Bolingbroke sont changées : — vous irez à Pomfret, non à la Tour. — Et pour vous