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RICHARD II.

aumerle.

— Reprenez courage, mon suzerain… Rappelez-vous qui vous êtes.

richard.

— Je m’étais oublié… Ne suis-je pas roi ? — Réveille-toi, Majesté fainéante ! tu dors. — Est-ce que le nom de roi ne vaut pas quarante mille noms ? — Arme-toi, arme-toi, mon nom ! un chétif sujet s’attaque — à ta gloire suprême !… Ne regardez pas à terre, — vous, favoris d’un roi… Ne sommes-nous pas en haut ? — Qu’en haut soient nos pensées ! Je sais que mon oncle York — a des forces suffisantes pour notre succès… Mais qui vient ici ?


Entre Scroop.
scroop.

— Que le ciel accorde à mon suzerain plus d’allégresse et de bonheur — que ne peut lui en apporter ma voix timbrée de douleur !

richard.

— Mon oreille est ouverte et mon cœur préparé. — Le pis que tu puisses me révéler est une perte mondaine. — Mon royaume est-il perdu, dis ? eh bien, il était mon souci ; — et que perd-on à être débarrassé d’un souci ? — Bolingbroke prétend-il être aussi grand que nous ? — Il ne sera pas plus grand ; s’il sert Dieu, — nous le servirons aussi, et nous serons ainsi son égal. — Est-ce que nos sujets se révoltent ? nous n’y pouvons rien : — ils violent leur foi envers Dieu comme envers nous ! — Crie-moi malheur, destruction, ruine, désastre, catastrophe ! — Le pis, c’est la mort, et la mort veut avoir son jour.

scroop.

— Je suis bien aise que Votre Altesse soit si bien armée — pour supporter le choc de la calamité. — Telle qu’une tempête irrésistible — qui noie les rives des fleuves