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SCÈNE X.

lieutenant élu par le Seigneur. — À chaque homme qu’à enrôlé Bolingbroke — pour lever un perfide acier contre notre couronne d’or, — Dieu, défendant son Richard, oppose un ange glorieux, — pris à la solde céleste. Donc, si les anges combattent, — les faibles hommes doivent succomber ; car le ciel sauvegarde toujours le droit.


Entre Salisbury.

— Bienvenu, milord ! — À quelle distance sont réunies vos forces ?

salisbury.

— Mon gracieux lord, juste à la distance — de ce faible bras. Le découragement guide ma langue — et ne me permet que les paroles de désespoir. — Un jour de retard, mon noble lord, a, je le crains, — enveloppé de nuages tous tes beaux jours ici-bas. — Oh ! rappelle la journée d’hier, fais rétrograder le temps, — et tu auras douze mille hommes de guerre. — Aujourd’hui, aujourd’hui, ce malheureux jour de retard, — anéantit pour toi bonheur, amis, fortune et puissance. — Car tous les Gallois, sur le bruit de ta mort, — sont allés vers Bolingbroke, ou dispersés et en fuite.

aumerle.

— Remettez-vous, mon suzerain… Pourquoi Votre Grâce pâlit-elle ainsi ?

richard.

— Il n’y a qu’un moment, le sang de vingt mille hommes — faisait rayonner ma face, et les voilà échappés ! — Ah ! jusqu’à ce qu’il me vienne autant de sang, — n’ai-je pas raison d’être pâle comme un mort ? — Toutes les âmes, qui veulent être sauvées, fuient loin de mon côté ; — car le temps a mis un stigmate sur mon orgueil.