plusieurs ; — comme ces cristaux à facettes qui, considérés de face, — ne montrent rien que confusion, et, vus obliquement, — font saillir une figure. Ainsi, votre chère majesté, — voyant de travers le départ de son seigneur, — y trouve maintes formes de douleur qui la font gémir, — mais qui en réalité ne sont que des reflets — chimériques. Donc, trois fois gracieuse reine, — ne pleurez que le départ de votre seigneur : c’est là votre seul ennui évident. — Si vous envoyez d’autres, c’est avec le regard trouble d’une douleur — qui pleure comme véritables des maux imaginaires.
— C’est possible ; mais un sentiment intime — me persuade qu’il en est autrement. Quoi qu’il en soit, — je ne puis être que triste, profondément triste : — bien que ma pensée ne s’arrête à aucune pensée, — je ne sais quelle oppression m’énerve et m’écrase.
— Cette douleur n’est qu’une imagination, ma gracieuse dame !
— Nullement ; si c’était une imagination, — elle serait enfantée — par quelque chagrin antérieur ; elle ne l’est pas, — car rien n’a engendré ce qui m’afflige ; — le néant dont je souffre n’est pas né de quelque chose. — C’est par anticipation que j’ai cette douleur ; — ce qu’elle est, je ne le sais pas encore, — je ne puis la décrire ; c’est un mal sans nom.
— Dieu garde Votre Majesté !… Heureuse rencontre, messieurs ! — J’espère que le roi n’est pas encore embarqué pour l’Irlande.