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APPENDICE.

L’empereur, connaissant la simplicité d’Èpitia et la méchanceté de Juriste, voulut pour garder l’honneur de la femme, et la justice pareillement, que Juriste épousât Épitia.

La femme ne le voulait pas consentir, disant qu’elle ne pouvait penser qu’elle dût jamais avoir de lui que méchancetés et trahisons.

Mais Maximian voulut qu’elle fût contente de ce qu’il avait délibéré.

Juriste, ayant épousé la fille, pensa avoir la fin de ses maux : mais il advint autrement.

Car Maximian ayant renvoyé la femme en son logis, il dit à Juriste, qui était demeuré là :

— Vous avez commis deux crimes fort grands, l’un d’avoir diffamé cette jeune fille, par telle tromperie que l’on peut dire que vous l’avez forcée ; l’autre, d’avoir fait mourir son frère contre la foi à elle donnée. Car combien qu’il méritât la mort, puisque vous étiez disposé de violer la justice, vous deviez plutôt garder la foi à sa sœur, puisque votre dissolue lasciveté vous avait incité à lui promettre sur la foi, que, l’ayant déshonorée, le lui envoyer mort, comme vous l’avez fait. Pourquoi, puisque j’ai pourvu au premier crime, en vous faisant épouser la fille que vous avez violée, pour réparer l’autre, je veux que l’on vous tranche la tête, comme vous l’avez fait trancher à son frère.

On peut plutôt imaginer que réciter combien fut grande la fâcherie de Juriste, ayant ouï la sentence de l’empereur.

Il fut donc mis entre les mains des sergents, afin que, le matin ensuivant, il fût exécuté selon la teneur de la sentence.

Parquoi Juriste, entièrement disposé à mourir, n’attendait autre chose, sinon que le bourreau allât le défaire.