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NOTES.

le reproche de plagiat adressé à Shakespeare par le plus envieux de ses rivaux, Robert Greene. Seulement l’accusation que Greene hasardait à mots couverts contre un certain Shake-Scene, cette critique la lance tout haut contre Shakespeare. Rien de plus étrange, selon nous, que l’imperturbable aplomb avec lequel cette critique tranche, — toujours au détriment du génie, — les questions les plus délicates et les plus obscures de l’art. Ainsi, voilà un misérable opuscule n’ayant avec le drame de Shakespeare que les lointains rapports qui existent nécessairement entre deux œuvres composées sur le même sujet. Cet opuscule, resté manuscrit jusqu’à nos jours, a été publié pour la première fois en 1842 aux frais de la société Shakespearienne ; aucun document historique ne le mentionne ; Shakespeare ne l’a sans doute jamais lu ; il n’en a sans doute pas soupçonné l’existence. N’importe ! Messieurs les commentateurs ne s’arrêtent pas à ces vaines considérations : sans preuve aucune, en vertu de leur simple jugement, ils décident que cette chose, sans nom d’auteur comme sans date, est antérieure au drame de Shakespeare, que Shakespeare l’a connue, voire même que Shakespeare lui a emprunté l’idée de son banquet symbolique. Entre le chef-d’œuvre et la farce, ils n’hésitent pas : ils donnent à la farce la priorité sur le chef-d’œuvre. Une grande idée a été conçue : à qui l’attribuer ? à la niaiserie ou au génie. Les commentateurs ne doutent de rien : ils l’attribuent à la niaiserie.

(17) « Rien ne contribue mieux à grandir le caractère de Timon que le zèle et la fidélité de ses gens. Une réelle vertu peut seule être honorée par des domestiques ; il faut une impartiale bonté pour gagner l’affection des subalternes. »

Johnson.

(18) Sous l’orbe de ta sœur, c’est-à-dire sous l’orbe de la lune. Timon émet ici le vœu que le soleil infecte l’air qu’on respire sur la terre, ce monde sublunaire.

(19) Allusion à un usage du bon vieux temps qui consis-