— Je ne sais pas ce qui peut en advenir : je n’aime pas cela.
— Marc-Antoine, faites : prenez le corps de César. — Dans votre discours funèbre vous ne nous blâmerez pas, — mais vous direz de César tout le bien que vous pouvez penser, — en déclarant que vous le faites par notre permission : — sans quoi vous ne prendrez aucune part — à ses funérailles. Et vous parlerez — à la même tribune que moi, — après mon discours terminé.
Soit, — je ne demande rien de plus.
— Préparez-donc le corps et suivez-nous.
— Oh ! pardonne-moi, morceau de terre sanglante, — si je suis humble et doux avec ces bouchers ! — Tu es la ruine de l’homme le plus noble — qui jamais ait vécu dans le cours des âges. — Malheur à la main qui a versé ce sang précieux ! — Ici, sur tes plaies — qui, comme autant de bouches muettes, entr’ouvrent leurs lèvres de rubis — pour invoquer l’accent et le cri de ma voix, voici ce que je prophétise. — La malédiction va s’abattre sur la tête des hommes : — la furie domestique et l’atroce guerre civile — bouleverseront toutes les parties de l’Italie. — Le sang et la destruction seront choses si banales, — et les objets d’horreur si familiers — que les mères ne feront que sourire en voyant — leurs enfants écartelés par les mains