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SCÈNE XVII.

alcibiade, lisant.

Ci-gît un corps misérable, séparé d’une âme misérable.
Ne cherchez pas mon nom. Que la peste vous consume,
Chétifs méchants qui restez après moi !
Ci-gît Timon, qui détesta tous les hommes vivants :
Passant, maudis-moi à ta guise, mais passe sans t’arrêter.

— Voici qui exprime bien tes derniers sentiments. — Tu n’avais que de l’horreur pour nos douleurs humaines, — que du dédain pour les effluves de notre cervelle, pour ces larmes que verse — notre égoïste nature ; mais une grande pensée — t’inspira, quand tu voulus que le vaste Neptune pleurât à jamais, — sur ton humble tombeau, des fautes pardonnées. Mort — est le noble Timon ; et nous nous réservons — d’honorer sa mémoire. Conduisez-moi dans votre cité ; — je veux allier l’olive à mon glaive, — je veux que la guerre engendre la paix, que la paix réprime la guerre, et que l’une — soit le remède souverain de l’autre. — Battez, tambours.

Ils sortent.


fin de timon d’athènes.