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SCÈNE XVII.

effacer notre ingratitude par des témoignages — surabondants d’affection.

deuxième sénateur.

Nous avons aussi tenté — de réconcilier le méconnaissable Timon avec notre cité — par un humble message et de magnifiques offres. — Nous n’avons pas tous été ingrats, et nous ne méritons pas — une extermination en masse.

premier sénateur.

Nos murailles — n’ont pas été érigées par les mains de ceux — qui t’ont outragé ; et ces outrages ne sont pas de telle nature — que nos grandes tours, nos trophées et nos écoles doivent être abattus — pour les torts de quelques-uns.

deuxième sénateur.

D’ailleurs ils ne vivent plus, — ceux qui furent les instigateurs de ton exil ; — honteux d’avoir manqué de sagesse, le désespoir — leur a brisé le cœur. Entre, noble seigneur, — entre dans notre cité, tes bannières au vent, — et décime-la ! Oui, — si la vengeance est affamée de — ce qui fait horreur à la nature, prélève la dîme du trépas. — Que les dés marqués de noir décident de nos destinées, — et périssent les victimes qu’ils marqueront.

premier sénateur.

Tous ne sont pas coupables ; — il n’est pas équitable de se venger des morts — sur les vivants ; ainsi qu’une terre, le crime — n’est pas héréditaire. Donc, cher compatriote, — fais entrer tes troupes, mais laisse ta rage aux portes ; — épargne Athènes, ton berceau, et ces parents — que, dans l’explosion de ta fureur, tu frapperais — avec ceux qui t’ont offensé ; pareil au pasteur, — approche du troupeau et délivre-le des ouailles infectées, — mais ne le tue pas tout entier.

deuxième sénateur.

Ce que tu veux, — tu l’obtiendras avec ton sourire plus aisément — que tu ne le trancheras avec ton épée,