Oh ! oublie — une injure que nous déplorons nous-mêmes. — Les sénateurs, dans un concert d’amour, — te réclament à Athènes, te réservant — des dignités spéciales qui, devenues vacantes, veulent — être revêtues et portées par toi.
Ils confessent — que l’ingratitude à ton égard a été trop générale, trop grossière. — Le peuple, qui si rarement — se rétracte, sent lui-même — combien il a besoin des secours de Timon, et appréhende — sa propre ruine, s’il refuse ses secours à Timon ; — aussi nous charge-t-il de l’offrir, avec l’aveu de ses regrets, — une compensation plus que suffisante — pour faire contre-poids à l’offense ; — une somme d’affection et de richesses — qui doit effacer nos torts de ton cœur — et y inscrire l’expression de notre amour — en chiffres indélébiles.
Vous m’ensorcelez. — Vous m’entraînez jusqu’à l’extrême bord des larmes. — Donnez-moi le cœur d’un niais et les yeux d’une femme, — et ces consolations, digne sénateur, vont me faire pleurer de joie.
— Ainsi donc veuille revenir parmi nous — et prendre en main la capitainerie d’Athènes, ta patrie et la nôtre. — Tu seras accueilli par des actions de grâces, — investi du pouvoir absolu, et ton noble nom — aura une autorité suprême. Ainsi nous aurons bientôt repoussé — les approches furieuses de cet Alcibiade, — qui, comme un sanglier farouche, déracine — la paix de sa patrie…
Et brandit son épée menaçante — contre les murs d’Athènes.