— Me voici aux ordres de Votre Seigneurie.
— Cet homme, ta créature, seigneur Timon, — fréquente ma maison nuitamment. Je suis un mortel — ayant eu de tout temps du goût pour le profit ; — et ma fortune mérite un héritier plus opulent — qu’une espèce qui tient un tranchoir.
Bien ; où veux-tu en venir ?
— J’ai pour toute famille une fille unique — à qui je puis transmettre tout ce que j’ai. — L’enfant est jolie, jeune autant que peut l’être une fiancée, — et je lui ai donné à grands frais — la meilleure éducation. Cet homme qui t’appartient — ose prétendre à son amour : veuille donc, noble seigneur, — te joindre à moi pour lui défendre de la visiter ; — moi, j’ai parlé en vain.
C’est un honnête homme.
— Qu’il le soit tant qu’il voudra, Timon. — Il trouve dans son honnêteté même une récompense suffisante, — sans que ma fille en soit l’appoint.
L’aime-t-elle ?
Elle est jeune et tendre. — L’expérience de nos propres passions nous apprend — de quelle légèreté est la jeunesse.
Aimez-vous la jeune fille ?