— Que voulez-vous dire ?
Je vais vous l’expliquer. — Vous voyez comme toutes les classes, tous les esprits — les plus superficiels et les plus légers, comme — les plus graves et les austères, offrent — leurs services au seigneur Timon : la grande fortune, — dont dispose sa bonne et gracieuse nature, — lui gagne, lui attache, lui asservit — tous les cœurs, depuis le flatteur à la face miroitante — jusqu’à cet Apemantus qui n’aime rien autant — que s’abhorrer lui-même : il n’est pas jusqu’à celui-là qui ne plie — le genou devant Timon, heureux s’il s’en retourne — enrichi d’un sourire.
Je les ai vus causer ensemble.
— Monsieur, j’ai représenté la fortune trônant — sur une haute et riante colline. À la base de la montagne — sont rangés tous les mérites, les êtres de tous genres — qui, au sein de cette sphère, s’évertuent — à relever leur condition. Dans cette foule — dont les regards sont fixés sur cette souveraine, — je montre un personnage ayant les traits de Timon ; — d’un signe de sa main d’ivoire la Fortune l’appelle à elle, — et par cette faveur subite change en serviteurs et en esclaves — tous ses rivaux.