Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
SCÈNE XIII.

le duc.

Il est dehors, monsieur.

lucio.

Ô jolie Isabelle ! J’ai le cœur livide de voir tes yeux si rouges : il faut prendre patience !… Je me résigne à dîner et à souper avec de l’eau et du son ; dans l’intérêt de ma tête, je n’ose plus m’emplir le ventre ; un repas substantiel m’exciterait à la chose. Mais on dit que le duc sera ici demain… Ma foi, Isabelle, j’aimais ton frère ; si ce vieux fantasque, le duc des coins noirs, avait été ici, Claudio aurait vécu.

Sort Isabelle.
le duc.

Monsieur, le duc vous est merveilleusement peu obligé pour tous vos rapports : heureusement que son caractère n’en dépend pas.

lucio.

Moine, tu ne connais pas le duc aussi bien que moi : c’est un meilleur coureur de buissons que tu ne supposes.

le duc.

Allez, un jour vous répondrez de ceci. Adieu.

lucio.

Non, attends ; je vais faire route avec toi. Je puis te dire de jolies histoires du duc.

le duc.

Monsieur, vous m’en avez déjà trop dit, si elles sont vraies ; si elles ne le sont pas, une seule était superflue.

lucio.

J’ai comparu une fois devant lui pour avoir engrossé une donzelle.

le duc.

Vous avez fait chose pareille ?