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SCÈNE XIII.

le duc.

Mais écoutez…

bernardin.

Pas un mot ; si vous avez quelque chose à me dire, venez à mon cachot, car je n’en sortirai pas aujourd’hui.

Il sort.
le duc.

Incapable de vivre ou de mourir ! Ô cœur engravé !… — Suivez-le, compagnons ; menez-le à l’échafaud.

Sortent Abborson et le clown.


Entre le prévôt.
le prévôt.

Eh bien, monsieur, comment trouvez-vous le prisonnier ?

le duc.

— Nullement préparé, nullement apte à mourir. — L’expédier dans l’état où il est, — ce serait le damner.

le prévôt.

Ici, dans la prison, mon père, — est mort ce matin d’une fièvre maligne — un certain Ragozin, pirate notoire, — ayant l’âge de Claudio, la barbe et les cheveux — juste de sa couleur. Si nous laissions de côté — ce réprouvé, jusqu’à ce qu’il soit convenablement disposé, — et si nous offrions au lieutenant la tête — de Ragozin, plus semblable à celle de Claudio ?

le duc.

— Oh ! c’est un accident providentiel ! — Agissez sur-le-champ ; voici bientôt l’heure — fixée par Angelo. Veillez à ce que la chose soit exécutée — et l’envoi fait conformément à ses ordres, tandis que, moi, — j’exhorterai cet épais misérable à accepter la mort.