Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
SCÈNE V.

coude, montrant Angelo et Escalus au clown.

Prouve-le devant ces marauds-là, homme d’honneur, prouve-le.

escalus, à Angelo.

Entendez-vous comme il transpose les mots ?

le clown.

Monsieur, son épouse était grosse quand elle est entrée, et elle avait envie, sauf votre respect, de pruneaux cuits. Or, monsieur, nous n’en avions que deux dans la maison, qui à cette époque lointaine étaient dressés, pour ainsi dire, sur un plat à dessert, un plat d’environ six sous. Vos Seigneuries ont vu de ces plats-là : ce ne sont pas des plats de Chine, mais ce sont de fort bons plats.

escalus.

Allez, allez, le plat n’importe pas, l’ami.

le clown.

Non, effectivement, monsieur, pas une épingle ! vous êtes dans le vrai. Mais, au fait ! Comme je disais, cette dame Coude, étant, comme je disais, grosse et fort ventrue, avait, comme je disais, grande envie de pruneaux ; or, comme je disais, il n’en restait que deux dans le plat, maître Écume, ici présent, le même homme que voici, ayant mangé le reste, comme je disais, et ayant payé, comme je disais, fort honnêtement ; en effet, comme vous savez, maître Écume, je n’ai pas pu vous rendre six sous.

écume.

Non, effectivement.

le clown.

Fort bien. Vous étiez alors, si vous vous souvenez, à rompre les noyaux des pruneaux susdits.

écume.

Oui, effectivement.

le clown.

Fort bien donc. Je vous disais alors, si vous vous sou-