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SCÈNE I.

LE LORD.

— Vous proposez-vous de rester avec moi ce soir ?

DEUXIÈME COMÉDIEN.

— S’il plaît à Votre Seigneurie d’accepter nos services.

LE LORD.

— De tout mon cœur,

Montrant le premier comédien.

Voilà un gaillard que je me rappelle — avoir vu jouer une fois le fils aîné d’un fermier ; — c’était dans une pièce où vous faisiez si bien la cour à la grande dame ; — j’ai oublié votre nom ; mais certainement, ce rôle — était habilement soutenu et joué avec naturel.

PREMIER COMÉDIEN.

— C’est de Soto (4), je crois, que Votre Honneur veut parler.

LE LORD.

— C’est vrai, tu étais excellent… — Allons, vous êtes venus dans un bon moment ; — d’autant plus à propos que j’ai en projet un divertissement — où votre savoir-faire pourra m’être d’un grand secours. — Il y a ici un lord qui veut vous voir jouer ce soir ; — mais je doute fort de votre retenue ; — je crains qu’en remarquant son maintien bizarre — car Sa Seigneurie n’a pas encore assisté à une représentation, — vous ne soyez pris de quelque fol accès de gaieté, — et que vous ne l’offensiez, car, je vous le déclare, messieurs, — pour peu qu’il vous voie sourire, il se fâche.

PREMIER COMÉDIEN.

— Ne craignez rien, milord, nous saurons nous contenir, — fût-il le personnage le plus grotesque du monde.

LE LORD., à un valet.

— Va, drôle, conduis-les à l’office, et offre à chacun