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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE, ETC.

chambellan, obtint un grand succès, s’il faut en croire une élégie contemporaine signée du poëte Robert Tofte. Le critique Meres, dans son Palladis Tamia (1598), cite avec éloge cette pièce parmi celle que l’auteur avait déjà livrées au public : « De même que Plaute et Senèque sont regardés comme les meilleurs parmi les latins pour la comédie et la tragédie, de même, parmi les Anglais, Shakespeare est le plus excellent dans les deux genres scéniques : témoins, pour la comédie, ses Gentilshommes de Vérone, ses Erreurs, ses Peines d’amour perdues, ses Peines d’amour gagnées, son Songe d’une nuit d’été et son Marchand de Venise, pour la tragédie, son Richard II, son Richard III, son Henri IV, son Roi Jean, son Titus Andronicus et son Roméo et Juliette. »

Au siècle dernier, un auteur anonyme a composé sur le modèle de Peines d’amour perdues une comédie qui fut jouée en 1762, sous ce titre : les Étudiants.

(31) Shakespeare a donné à son maître d’école le même nom que Rabelais au précepteur de Gargantua. « De faict, l’on lui enseigna un grand docteur sophiste, nommé maistre Thubal Holoferne, qui lui apprint sa charte, si bien qu’il la disoit par cœur au rebours »

(32) Allusion au fameux Marocco, si merveilleusement dressé par l’écuyer Bankes. Outre Shakespeare, les plus célèbres poëtes anglais, Ben Jonson, sir Walter Raleigh, Decker, Taylor, Middleton, ont chanté ce cheval étonnant qui montait jusqu’au haut de Saint-Paul au grand trot. Après avoir donné des représentations, en 1601, rue Saint-Jacques, à Paris, Marocco commit l’imprudence de s’en aller à Rome, ou il fut brûlé comme sorcier en compagnie de son maître, qu’on accusa d’être son complice ! Encore un crime que l’histoire catholico-royaliste a oublié et qu’il faut ajouter au monstrueux dossier des crimes d’État.

(33) La légende des amours du roi Cophétua avec la mendiante Pénélophon était fort populaire au temps de Shakespeare qui en reparle dans Roméo et Juliette. Elle contient dix couplets Voici le premier :

J’ai lu qu’autrefois en Afrique
Un être princier régnait,
Qui avait nom Cophétua,
Selon la fiction des poëtes.