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NOTES.

Rentre Ferando.
SANDER.

C’est exprès que je lui faisais mal au pied, mon brave.

FERANDO.

— En vérité, damné coquin ?

Il les chasse tous violemment.

— Il faut que je conserve quelque temps cette humeur — pour brider et retenir ma femme rétive — sous le frein de l’insomnie et de la faim. — Elle ne goûtera cette nuit ni sommeil, ni souper. — Je vais l’encager comme on encage un faucon, — et l’habituer à venir gentiment au leurre. — Fût-elle aussi obstinée et aussi vigoureuse — que le cheval de Thrace, dompté par Alcide, — que le roi Egée nourrissait de chair humaine, — pourtant je la soumettrai et je la ferai marcher — aussi vite que les faucons affamés volent vers le leurre.

Il sort.

(19) Ici, le poëte n’a presque rien changé à l’esquisse primitive. La scène entre Grumio et Catharina et la scène entre Petruchio et les deux fournisseurs sont copiées, parfois littéralement, sur la comédie originale :

[Chez Ferando.]
Entrent Sander et Catherine.
SANDER.

Allons, mistress.

CATHERINE.

— Je t’en prie, Sander, procure-moi quelque aliment, — je suis si faible que je puis à peine me tenir.

SANDER.

— Oui, morbleu, mistress, mais vous savez que mon maître — m’a signifié que vous ne deviez rien manger — que ce que lui-même vous donnerait.

CATHERINE.

— Bah ! mon brave, il n’est pas nécessaire que ton maître le sache.

SANDER.

— Vous dites vrai, ma foi. Eh bien, voyons mistress, — que diriez-vous d’un morceau de bœuf à la moutarde ?

CATHERINE.

— Eh bien, je dis que c’est excellent. Peux-tu m’en procurer ?

SANDER.

— Oui, je pourrais vous en procurer, si je ne craignais — que la moutarde ne fût trop irritante pour vous. — Mais que diriez-vous d’une tête de mouton à l’ail ?

CATHERTNE.

Donne-moi ce que tu voudras. Peu m’importe !

SANDER.

— Oui, mais je crains que l’ail ne rende votre haleine infecte, — et alors