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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE, ETC.

WILL.

Comment, Sander ? Que fait-il ?

SANDER.

— Eh bien, je vais vous le dire. Au moment — d’aller à l’église pour être marié, il met un vieux — bas de la jambe, et un chapeau rouge sur sa tête, et il a — une mine à te faire crever de rire — rien qu’à le voir : il ne vaut pas mieux qu’un — fou pour moi. Ce n’est pas tout. Au moment d’aller dîner, — il m’a fait seller son cheval, et il est parti, — sans vouloir rester pour le dîner. Ainsi donc vous ferez bien — de tenir le souper prêt pour le moment où ils arriveront, car, — j’en suis sûr, ils doivent être à deux pas maintenant.

TOM.

Tudieu ! les voici déjà.

Entrent Ferando et Catherine.
FERANDO.

— Sois la bienvenue, Cateau. Où diable sont ces drôles ? — Quoi, le souper pas encore sur la table ! — le couvert pas mis ! rien de fait ! — Ou est le chenapan que j’avais envoyé en avant ?

SANDER.

Voilà !… Adsum, monsieur.

FERANDO.

— Venez ici, drôle. Je vais vous couper le nez. — Scélérat, ôtez-moi mes bottes !… Vous plaira-t-il — de mettre la nappe ? Ventrebleu ! le maroufle — me blesse le pied. Tire doucement, te dis-je… Encore ?

Il les frappe tous. Les laquais mettent le couvert et apportent te souper.

— Tudieu ! tout est brûlé et desséché. Qui a dressé ces viandes-là ?

WILL.

— À dire vrai, c’est Jean Cuisinier.

Ferando renverse la table et les plats et bat tous ses valets.
FERANDO.

— Décampez, chenapans. Oser m’apporter un pareil souper ! — Hors de ma vue, dis-je, et emportes ça d’ici. — Viens, Cateau, on va nous préparer un autre souper.

À Sander.

Y a-t-il du feu dans ma chambre, monsieur ?

SANDER.

— Oui, vraiment.

Sortent Ferando et Catherine.
Les valets restent et mangent tout le souper.
TOM.

Tudieu, je crois en conscience que mon maître est fou depuis qu’il est marié.

WILL.

— Oui, as-tu vu quel soufflet il a donné à Sander pour lui apprendre à ôter ses bottes ?