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PEINES D'AMOUR PERDUES.

LA PRINCESSE.

— Courons à nos tentes, comme des biches à travers la plaine.

Sortent la princesse, Rosaline, Catherine et Maria.
Entrent le Roi, Biron, Longueville et Du Maine, dans leur costume habituel.
LE ROI, à Boyet.

— Beau sire, Dieu vous garde ! Ou est la princesse ?

BOYET.

— Rentrée dans sa tente ! Votre Majesté voudrait-elle — me charger de quelque message pour elle ?

LE ROI.

— Qu’elle daigne m’accorder une audience d’un mot.

BOYET.

— Je défère à votre désir comme elle-même, j’en suis sûr, y déférera, monseigneur.

Il sort.
BIRON.

— Ce compagnon va becquetant l’esprit, comme un pigeon la graine, et le dégorge ensuite quand il plaît à Dieu. — Il est colporteur d’esprit, et il détaille la marchandise — aux veillées, aux galas, aux réunions, aux marchés, aux foires, — et nous qui la vendons en gros, le Seigneur le sait, — nous n’avons pas la grâce de lui prêter grâce par un tel étalage. — Ce galant pique les filles sur sa manche ; — s’il avait été Adam, c’eût été lui qui aurait tenté Ève. — En outre, il sait découper et zézayer. Oui-dà, c’est lui — qui baise si bien sa main en signe de courtoisie. — C’est le singe de l’étiquette, monsieur le délicat — qui, quand il joue au trictrac, gronde les dés — en d’honorables termes. Eh ! mais il sait chanter — en ténor accompli : comme huissier, — le surpasse qui pourra ! Les dames l’appellent : Cher ! — Les escaliers,