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SCÈNE VIII.

CATHERINE.

— Mugissez doucement alors ! le boucher vous entend.

Ils s’éloignent en causant.
BOYET.

— La langue des filles moqueuses est aussi effilée — que le tranchant invisible du rasoir, — qui divise un cheveu insaisissable au regard ; — elle échappe au sens du sens commun, si déliée — est leur causerie ; leurs saillies ont des ailes — plus promptes que la flèche, la balle, le vent, la pensée, la chose la plus rapide.

ROSALINE.

— Pas un mot de plus, mes filles, brisons là, brisons là.

Toutes les dames se séparent de leurs cavaliers.
BIRON.

— Par le ciel, on nous chasse tous avec le plus sec dédain.

LE ROI.

— Adieu, folles donzelles ; vous avez l’esprit mesquin.

Sortent le Roi, les seigneurs, Phalène, les musiciens et tous les gens de la suite.
LA PRINCESSE.

— Vingt fois adieu, mes Moscovites transis. — Voilà donc cette pléiade d’esprits si admirés !

BOYET.

— Ce sont des flambeaux qu’a éteints votre douce haleine.

ROSALINE.

— Ils ont l’esprit chargé d’embonpoint, grossier, grossier, replet, replet.

LA PRINCESSE.

— Ô pauvreté d’esprit ! pauvre plastron royal ! Croyez-vous pas qu’ils vont se pendre cette nuit, — ou