Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/376

Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
PEINES D'AMOUR PERDUES.
ces plantes stériles qui sont mises sous nos yeux afin que nous, — hommes de goût et de sentiment, nous soyons reconnaissants — d’avoir reçu la fécondation qui leur a manqué. — Car, de même qu’il me siérait mal de faire le sot, le niais ou l’imbécile, — de même il ne siérait pas à un rustre de vouloir être savant et de figurer dans une école. — Mais omne benè, et je suis en cela de l’avis d’un vieux père, — beaucoup peuvent supporter le mauvais temps qui n’ont pas de goût pour la tempête.
BALOURD.

— Vous êtes deux savants. Eh bien, avec tout votre esprit, pourriez-vous me nommer un être — qui, déjà âgé d’un mois à la naissance de Caïn, n’a pas encore atteint ses cinq semaines ?

HOLOPHERNE.

Dictynna, bonhomme Balourd ; Dictynna, bonhomme Balourd !

BALOURD.

Qu’est-ce que Dictynna ?

NATHANIEL.

C’est un des titres qu’on donne à Phébé, à Luna, à la lune.

HOLOPHERNE.

— La Lune avait un mois, lorsque Adam n’avait pas davantage ; — et elle n’avait pas atteint cinq semaines, qu’Adam avait ses cent ans. — L’allusion est probante avec un nom comme avec l’autre.

BALOURD.

C’est vrai : la conclusion est probante.

HOLOPHERNE.

Dieu vienne en aide à ta capacité ! Je dis que l’allusion est probante.

BALOURD.

Et je dis, moi, que la pollution est probante ; car la