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SCÈNE V.
épouses acariâtres — veulent établir leur souveraineté en tâchant d’être — les seigneurs de leurs seigneurs ?
LA PRINCESSE.

— Oui, effectivement, car nous n’avons que des éloges à donner — à toute dame qui subjugue un seigneur.

Entre Trogne.
LA PRINCESSE.

— Voici venir un membre de la république.

TROGNE.

Dieu gard’ toute la compagnie ! Pardon ! quelle est ici la dame à la tête.

LA PRINCESSE.

Pour la reconnaître, l’ami, tu n’as qu’à voir celles qui n’ont pas de tête.

TROGNE.

Quelle est la plus grande dame, la plus haute ?

LA PRINCESSE.

La plus large et la plus longue.

TROGNE.

— La plus large et la plus longue. C’est ça. La vérité est la vérité. — Si votre taille, madame, était aussi mince que mon esprit, — la ceinture d’une de ces demoiselles vous irait aisément. — Est-ce que vous n’êtes pas ici la femme principale ? Vous êtes la plus large.

LA PRINCESSE.

— Que voulez-vous ? que voulez-vous ?

TROGNE.

— J’ai une lettre de monsieur Biron pour une dame Rosaline.

LA PRINCESSE.

— Oh ! vite ta lettre ! ta lettre ! c’est un bon ami à moi.

Elle prend la lettre que lui tend Trogne.