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SCÈNE III.

BOYET.

Et toutes ses plaisanteries ne sont que des mots.

LA PRINCESSE.

— Vous avez bien fait de ne pas lui laisser le dernier mot.

BOYET.

— J’étais aussi disposé à l’accrocher que lui à m’aborder.

MARIA.

— Colères de béliers qui se rencontrent !

BOYET.

Non, galères d’ennemis qui se heurtent ! — Je ne voudrais être bélier, doux agneau, qu’à condition de brouter sur vos lèvres.

MARIA.

— Vous le bélier et moi le pâturage ! La plaisanterie s’arrêtera-t-elle là ?

BOYET, essayant de l’embrasser.

— Oui, pourvu que vous m’accordiez la pâture.

MARIA, le repoussant.

Pas comme ça, gentille bête. — Mes lèvres ne sont pas devenues vaine pâture, si peu closes qu’elles soient.

BOYET.

— À qui appartiennent-elles ?

MARIA.

À ma fortune et à moi.

LA PRINCESSE.

— Les beaux esprits veulent toujours disputer ; mais voyons, restez d’accord, mes amis. — Vous ferez mieux de détourner cette guerre civile d’esprit — sur le roi de Navarre et ses bibliophiles ; ici elle est déplacée.

BOYET.

— Si ma pénétration, habile d’ordinaire — à déchif-