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SCÈNE III.
tuse, celui-là ayant le pouvoir de tout trancher, celle-ci s’obstinant — à n’épargner aucun de ceux qui tombent en son pouvoir.
LA PRINCESSE.

— Sans doute quelque joyeux moqueur, n’est-ce pas ?

MARIA.

— C’est ce que disent surtout ceux qui surtout connaissent son caractère.

LA PRINCESSE.

— Beaux esprits éphémères fanés à mesure qu’ils fleurissent ! — Quels sont les autres ?

CATHERINE.

— Le jeune Du Maine, jouvenceau accompli, — aimé pour sa vertu de tous ceux qui aiment la vertu ; — tout-puissant pour faire le mal, incapable de le faire ; — ayant assez d’esprit pour rendre la laideur agréable, — et assez de beauté pour plaire sans esprit. — Je l’ai vu naguère chez le duc d’Alençon ; — et tout le bien que je dis de lui — est fort au-dessous du grand mérite que je lui connais.

ROSALINE.

— Il y avait là avec lui un autre de ces fervents, — si je ne me trompe, — c’est Biron qu’on le nomme. — Je n’ai jamais eu une heure de conversation — avec un homme plus gai — dans les limites d’une gaieté décente. — Son regard offre à son esprit d’incessantes occasions : — chaque objet que l’un saisit, — l’autre en tire une amusante plaisanterie ; — et sa langue, élégante interprète de son idée, — l’exprime en termes si justes et si gracieux — que l’attention des vieillards vagabonde au gré de ses récits — et que le jeune auditoire en est enchanté : — si charmante, si inépuisable est sa causerie !

LA PRINCESSE.

— Dieu vous bénisse, mes dames ! Êtes-vous donc tou-