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PEINES D'AMOUR PERDUES.

LE ROI, lui remettant le parchemin.

— Voilà une soumission qui te délivre de la honte ! —

BIRON, lisant.

« Item. Qu’aucune femme n’approche à plus d’un mille de ma cour. »

— Et on a proclamé cela ?

LONGUEVILLE.

Il y a quatre jours.

BIRON.

— Voyons la pénalité ! —

Lisant.
Sous peine de perdre la langue !

— Qui a imaginé ça ?

LONGUEVILLE.

— Ma foi c’est moi.

BIRON.

Doux seigneur, et pourquoi ?

LONGUEVILLE.

— Pour les effarer toutes par cette redoutable pénalité ?

BIRON.

— Voilà une loi périlleuse à la galanterie.

Lisant.

« Item. Si un homme est surpris parlant à une femme dans un terme de trois ans, il subira l’humiliation publique que le reste de la cour pourra imaginer contre lui. »

Au Roi.

— Cet article, mon suzerain, vous allez forcément le violer vous-même. — Car vous savez bien qu’ici arrive en ambassade, — pour vous parler, la fille du roi de France. — Cette vierge, d’une grâce, d’une majesté suprême, — vient vous demander de céder l’Aquitaine — à son père décrépit, malade et alité. — Ainsi, ou voilà un article fait en vain, — ou c’est vainement que vient ici cette princesse admirée.