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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

BERTRAND.

Vous avez un titre de déesse, — et vous le méritez, avec épithète. Mais, jolie âme, — l’amour n’a-t-il aucune influence dans votre belle personne ? — Si la flamme ardente de la jeunesse n’illumine pas votre cœur, — vous n’êtes pas une fille, vous êtes une statue ; — quand vous serez morte, vous serez telle — que vous êtes, car vous êtes froide et impassible ; — et maintenant vous devriez être comme était votre mère — quand votre doux être fut conçu.

DIANA.

— Alors elle était vertueuse.

BERTRAND.

Vous le seriez aussi.

DIANA.

Non, — ma mère ne faisait qu’accomplir un devoir, le même, monseigneur, — qui vous est commandé envers votre femme.

BERTRAND.

Assez, — je t’en prie. Ne lutte pas contre mon vœu. — J’ai été enchaîné à elle ; mais je t’aime, — toi, de par la douce contrainte de l’amour, et tu as pour jamais — droit à tous mes services.

DIANA.

Oui, vous nous servez ainsi, vous autres, — jusqu’à ce que nous vous servions ; mais lorsqu’une fois vous avez nos roses, — vous ne nous laissez plus que les épines pour nous déchirer, — et vous nous raillez de notre dénûment.

BERTRAND.

Que de fois t’ai-je juré !…

DIANA.

— La sincérité n’est pas dans le nombre des serments, — mais dans le simple et candide vœu sincèrement pro-