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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

BERTRAND, à Paroles.

Y a-t-il quelque désagrément entre ce seigneur et vous, monsieur ?

PAROLES.

Je ne sais pas ce que j’ai fait pour tomber dans le déplaisir de ce seigneur.

LAFEU.

Vous avez réussi à y tomber tout entier, botté et éperonné, comme le bouffon qui fait la culbute dans le pâté ; et je vous conseille d’en déguerpir au plus vite pour ne pas avoir à expliquer comment vous vous y êtes installé.

BERTRAND, à Lafeu.

Il se peut que vous l’ayez méjugé, monseigneur.

LAFEU.

C’est ce qui m’arrivera toujours, quand je le surprendrais en prières. Adieu, monsieur ; et, croyez-moi, il n’y a point d’amande dans cette coquille légère. L’âme de cet homme est dans ses habits ; ne vous fiez à lui dans aucune affaire de grande conséquence ; j’en ai apprivoisé de pareils, et je connais leur nature.

À Paroles.

Adieu, monsieur ; j’ai parlé de vous mieux que vous ne l’avez mérité et que vous ne le mériterez jamais, à mon avis ; mais nous devons rendre le bien pour le mal.

Il sort.
PAROLES.

Ce seigneur a le cerveau léger, je le jure.

BERTRAND.

C’est ce que je crois.

PAROLES.

Comment ! est-ce que vous ne le connaissez pas ?

BERTRAND.

— Si fait, je le connais bien ; dans l’opinion commune — il est fort estimé… Voici ma chaîne !