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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

Au premier seigneur.

Monsieur, consentez-vous à écouter ma requête ?

PREMIER SEIGNEUR.

— Et à vous l’accorder.

HÉLÈNE.

Merci, monsieur ! Je n’ai rien de plus à vous dire. —

Elle se tourne vers le second seigneur.
LAFEU.

J’aimerais mieux courir la chance de son choix que de jouer ma vie sur un coup de dé.

HÉLÈNE, au second seigneur.

— Monsieur, la fierté qui flamboie dans vos beaux yeux, — avant même que j’aie parlé, m’a fait une décourageante réplique. — Puisse l’amour élever votre fortune vingt fois plus haut — que l’humble amour de celle qui fait pour vous ce vœu !

DEUXIÈME SEIGNEUR.

— Je n’aspire pas à mieux, si vous y consentez.

HÉLÈNE.

Agréez mon vœu, — et puisse le grand Amour l’exaucer ! Sur ce, je prends congé de vous. —

LAFEU, au fond du théâtre, à Paroles.

Est-ce qu’ils la refusent tous ? S’ils étaient mes fils, je les ferais fouetter, ou je les enverrais aux Turc pour en faire des eunuques.

HÉLÈNE, au troisième seigneur.

— Ne soyez pas effrayé si je prends votre main ; je vous estime trop pour vouloir vous nuire. — Que le ciel bénisse vos désirs ! et pour votre lit — puissiez-vous trouver mieux, si jamais vous vous mariez ! —

LAFEU, toujours au fond du théâtre.

Ces garçons-là sont de glace, aucun d’eux ne veut d’elle : à coup sûr, ils sont tous bâtards des Anglais ; ce ne sont pas des Français qui les ont faits.