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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.
répondre d’une manière piquante. Je reviendrai courtisan parfait, et alors mes leçons naturaliseront chez toi toute ma science, pour peu que tu sois capable de comprendre les conseils d’un courtisan et de saisir les avis que je te jetterai. Autrement, tu dépériras dans une existence ingrate et ton ignorance te perdra. Adieu. Quand tu en auras le loisir, dis tes prières ; quand tu ne l’auras pas, souviens-toi de tes amis, procure-toi un bon mari, et traite-le comme il te traitera ; sur ce, adieu.
Il sort.
HÉLÈNE.

— Souvent, nous avons en nous les remèdes — que nous attendons du ciel. Les destins d’en haut — nous laissent une libre carrière ; ils ne retardent — nos projets, que lorsque nous sommes nous-mêmes inertes. — Quelle est la puissance qui élève mon amour si haut, — et me fait apercevoir ce dont ma vue ne peut se rassasier ? — Souvent les êtres les plus éloignés par la fortune, la nature les rapproche pour les réunir dans le baiser d’une sympathie native. — Les entreprises extraordinaires sont impossibles à ceux — qui en mesurent les difficultés d’après le sens commun et qui s’imaginent — que ce qui n’a pas été ne saurait être. Quelle est celle qui, après avoir fait tous ses efforts — pour prouver son mérite, a échoué dans ses amours ? — La maladie du roi !… Mon projet peut tromper mon espoir ; mais ma résolution est fixée, elle ne m’abandonnera pas.

Elle sort.