Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
SCÈNE X.

PETRUCHIO.

— Je dis que c’est la lune qui brille si vivement.

CATHARINA.

— Je sais que c’est le soleil qui brille si vivement.

PETRUCHIO.

— Ah ! par le fils de ma mère, c’est-à-dire par moi-même ! — ce sera la lune ou une étoile ou ce que bon me semblera, — avant que je continue ma route pour aller chez votre père… — Allons ! qu’on remmène nos chevaux ! — Sans cesse contrarié, et contrarié, toujours contrarié !

HORTENSIO, bas à Catharina.

— Dites ce qu’il dit, ou nous ne partirons jamais.

CATHARINA.

— De grâce, poursuivons notre chemin, puisque nous sommes venus si loin, — et que ce soit la lune, le soleil ou ce qui vous plaira : — et, s’il vous plaît de l’appeler un lumignon, — je vous jure que c’en sera un pour moi.

PETRUCHIO.

— Je dis que c’est la lune.

CATHARINA.

Je le sais bien.

PETRUCHIO.

— Alors, vous mentez : c’est le soleil béni.

CATHARINA.

— Alors, Dieu soit béni ! c’est le soleil béni ; — mais ce n’est plus le soleil quand vous dites que ce n’est pas lui ; — et la lune change au gré de votre pensée. — C’est exactement ce que vous voudrez, — et ce le sera toujours pour Catharina.

HORTENSIO.

— Petruchio, va ton chemin ; la campagne est à toi !

PETRUCHIO.

— En avant ! en avant ! Ainsi la boule doit courir, —