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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

GRUMIO.

— Je n’ai pas donné d’ordre ; j’ai donné l’étoffe.

LE TAILLEUR.

— Mais comment avez-vous demandé qu’elle fût faite ?

GRUMIO.

— Parbleu, avec une aiguille et du fil.

LE TAILLEUR.

— Mais n’avez vous pas recommandé qu’elle fût taillée ? —

GRUMIO.

Tu as toisé bien des étoffes ? je suppose.

LE TAILLEUR.

Oui.

GRUMIO.

Eh bien, ne me toise pas. Tu as bien fait des hommes superbes ; eh bien, ne fais pas le superbe avec moi ; je ne veux pas qu’on me toise ni qu’on me brave. Je te répète que j’ai dit à ton maître de tailler la robe, mais je ne lui ai pas dit de la tailler en pièces. Ergo, tu mens.

LE TAILLEUR.

Eh bien, pour preuve de ce que je dis, voici le devis de la façon.

PETRUCHIO.

Lis-le.

GRUMIO.

Le devis en a menti par la gorge, s’il dit que j’ai dit ça.

LE TAILLEUR, lisant.

« Imprimis, une robe à corsage ample. »

GRUMIO, à Petruchio.

Maître, si j’ai jamais dit une robe à corsage ample, qu’on me couse dans la jupe et qu’on me batte à mort avec un peloton de fil brun ! J’ai dit une robe.

PETRUCHIO.

Continue.