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SCÈNE VII.

TRANIO.

— C’est la mort pour tout habitant de Mantoue — que de venir à Padoue. Est-ce que vous n’en savez pas la cause ? — L’embargo est mis sur vos navires à Venise, et notre duc, — pour une querelle privée entre votre duc et lui, — a fait publier et proclamer partout cette peine. — C’est étonnant ; mais, si vous étiez venu un peu plus tôt, — vous auriez entendu faire la proclamation.

LE PÉDAGOGUE.

— Hélas ! monsieur, c’est d’autant plus triste pour moi — que j’ai des lettres de change — de Florence que je dois présenter ici.

TRANIO.

— Eh bien, monsieur, pour vous rendre service, — je vais faire une chose. Voici ce que je vous conseille… — Mais d’abord, dites-moi, avez-vous jamais été à Pise ?

LE PÉDAGOGUE.

— Oui, monsieur, j’ai souvent été dans Pise, — Pise, renommée par ses graves citoyens.

TRANIO.

— Parmi eux, connaissez-vous un nommé Vincentio ?

LE PÉDAGOGUE.

— Je ne le connais pas, mais j’ai entendu parler de lui : — un marchand d’une incomparable richesse !

TRANIO.

— Il est mon père, monsieur, et, à dire vrai, — il vous ressemble un peu de visage.

BIONDELLO, à part.

— Juste comme une pomme à une huître.

TRANIO.

— Pour vous sauver la vie dans cette extrémité, — voici la faveur que je vais vous faire ; — songez quelle bonne fortune c’est pour vous — de ressembler à Vincentio. — Vous prendrez son nom, vous passerez pour lui, —