magnifique bourbier, elle s’étale, ayant Catharina sous elle. Pour réparer l’accident, Petruchio laisse sa femme se dépêtrer toute seule et administre une raclée à ce maraud de Grumio qui accourait au secours. Catharina se relève et, s’oubliant elle-même, cédant au premier mouvement de charité qu’elle ait jamais éprouvé, elle dégage le malheureux valet des mains de son maître furieux. Confusion inexprimable : Petruchio jure, Catharina prie, Grumio crie et les chevaux fuient.
Les époux se dirigent clopin-clopant vers la maison conjugale, dont enfin ils aperçoivent à travers les arbres le toit hospitalier. Il souffle une bise glacée, et Grumio a été dépêché en avant pour allumer un grand feu dans la salle à manger. Catharina a un froid de loup et une faim de chien. Aussi, quelle fête de bien souper, de bien se chauffer et puis de bien dormir ! Ils arrivent. Madame est servie.
Le repas a l’aspect succulent, et tous les plats ont un fumet exquis. Tous deux prennent place ; Petruchio avise un magnifique gigot : — Qu’est ceci, fait-il d’un air de dégoût ? du mouton ? — Oui, monsieur, hasarde un valet. — Qui l’a apporté ? — Moi, monsieur. — Il est brûlé, comme toute votre viande ! Chiens que vous êtes ! où est ce gueux de cuisinier ?… Comment, maroufles, vous m’osez apporter ça du fourneau ! Étourneaux ! butors ! chenapans ! Allons, remportez ça, assiettes, verres et tout ! — Et, pour desservir plus vite, Petruchio renverse la table. Il va falloir se coucher sans souper ! — Pauvre Cateau, prends patience. Demain, on fera mieux, et pour ce soir nous jeûnerons de compagnie. Viens, je vais te conduire à la chambre nuptiale. — Et, ce disant, il entraîne aux délices de la nuit de noces la mariée affamée.
Les valets sont restés seuls maîtres du champ de