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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
en peau de mouton, qui, à force d’avoir été tendue pour empêcher la bête de broncher, s’est brisée en maints endroits et a été raccommodée par de gros nœuds, d’une sangle rapiécée six fois et d’une croupière de velours pour femme portant deux initiales écrites en gros clous et rapiécée çà et là avec de la ficelle.
BAPTISTA.

Qui vient avec lui ?

BIONDELLO.

Oh ! monsieur, son laquais, caparaçonné dans le même goût que son cheval, avec un bas de fil à une jambe et une chausse de grosse laine à l’autre, jarreté d’un cordon rouge et d’un bleu, coiffé d’un vieux chapeau où est fiché en guise de plume le Pot pourri des quarante fantaisies (13) ; enfin un monstre, un vrai monstre par le costume, ne ressemblant en rien au page d’un chrétien ou au laquais d’un gentilhomme.

TRANIO.

— Quelque fantaisie bizarre l’aura poussé à s’équiper ainsi ; — ce n’est pas que parfois il ne sorte fort mesquinement vêtu.

BAPTISTA.

— Je suis heureux qu’il soit venu n’importe comment ! —

BIONDELLO.

Mais, monsieur, il ne vient pas !

BAPTISTA.

Est-ce que tu n’as pas dit qu’il venait ?

BIONDELLO.

Qui ? que Petruchio venait ?

BAPTISTA.

Oui, que Petruchio venait.