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SCÈNE IV.

SCÈNE IV.
[L’appartement de Bianca.]
Entrent Lucentio, Hortensio et Bianca.
LUCENTIO.

— Musicien, arrêtez ; vous prenez trop de liberté, monsieur ; — avez-vous donc oublié sitôt la réception — que vous a faite sa sœur Catherine ?

HORTENSIO.

— Mais, pédant braillard, je suis ici — devant la patronne de la céleste harmonie ; — laissez-moi prendre le pas sur vous. — Quand nous aurons consacré une heure à la musique, — vous prendrez, comme moi, votre temps pour faire votre leçon.

LUCENTIO.

— Âne stupide ! qui n’a pas même lu assez — pour savoir le but de la musique ! — N’est-elle pas faite pour rafraîchir l’esprit de l’homme, — après ses études ou ses travaux habituels ? — Laissez-moi donc donner ma leçon de philosophie, — et, dès que je ferai une pause, servez votre harmonie.

HORTENSIO.

— Faquin, je n’endurerai pas tes bravades.

BIANCA.

— Allons, messieurs, vous me faites tous deux injure — en vous querellant pour une chose qui dépend de mon choix. — Je ne suis pas un écolier à qui l’on donne le fouet ; je ne suis pas astreinte à des heures ni à des délais déterminés, — mais je prends mes leçons comme il me plaît. — Sur ce, pour trancher toute discussion, asseyons-nous ici.