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SCÈNE III.

Pise — trois ou quatre maisons aussi belles que celle — qu’a dans Padoue le vieux signor Gremio ; — sans compter une rente de deux mille ducats — en bonne terre, qui constituera son douaire. — Eh bien, signor Gremio, êtes-vous pincé ?

GREMIO.

— Une rente de deux mille ducats en terre ! — Tout mon fonds ne se monte pas à cette somme ! — Mais elle aura en outre un bâtiment — qui est maintenant à l’ancre dans la rade de Marseille. — Eh bien, ce bâtiment-là vous coupe la respiration !

TRANIO.

— Gremio, il est connu que mon père n’a pas moins — de trois grands navires, plus deux galéaces — et douze belles galères : je les lui assure, — et je double vos offres, quelles qu’elles soient.

GREMIO.

— J’ai tout offert, je n’ai pas davantage, — et je ne puis donner que ce que j’ai ; — si vous m’agréez, elle m’aura avec tout ce que je possède.

TRANIO, à Baptista.

— La fille m’appartient, à l’exclusion de tout autre, — d’après votre solennelle promesse. Gremio est évincé.

BAPTISTA.

— Je dois l’avouer, votre offre est la plus considérable ; — et, si votre père veut bien lui garantir cette fortune, — elle est à vous ; autrement, vous voudrez bien m’excuser ; — car, si vous mouriez avant lui, où serait son douaire ?

TRANIO.

— C’est là une argutie ; il est vieux, je suis jeune.

GREMIO.

— Est-ce que les jeunes gens ne peuvent pas mourir aussi bien que les vieux ?