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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

CATHARINA.

— Je te verrai plutôt pendre dimanche.

GREMIO.

— Tu entends, Petruchio ! Elle dit qu’elle te verra plutôt pendre.

TRANIO, à Petruchio.

— Est-ce là tout votre succès ! Alors, adieu notre pacte !

PETRUCHIO.

— Patience, messieurs ! je la choisis pour moi-même. — Si elle et moi nous sommes satisfaits, que vous importe, à vous ? — Il a été convenu entre nous deux, quand nous étions seuls, — qu’elle continuerait à être hargneuse en compagnie. — Je vous dis que c’est incroyable — comme elle m’aime. Oh ! la tendre Catherine ! — Elle se pendait à mon cou, elle me prodiguait — baiser sur baiser, faisant serment sur serment — qu’en un clin-d’œil elle s’était éprise de moi ! — Ah ! vous êtes des novices ! C’est merveille de voir — comment, dans le tête-à-tête, — le plus chétif galant peut apprivoiser la plus intraitable sauvage… — Donne-moi ta main, Cateau : je vais à Venise — acheter le trousseau nécessaire pour la noce. Préparez la fête, beau-père, et invitez les convives ; — je veux être sûr que ma Catherine sera belle.

BAPTISTA.

— Je ne sais que dire : mais donnez-moi vos mains… — Que Dieu vous envoie la joie, Petruchio ! C’est une affaire conclue.

GREMIO ET TRANIO.

— Amen, nous servirons de témoin.

PETRUCHIO.

— Adieu, beau-père ; adieu, femme ; adieu, messieurs. — Je pars pour Venise ; dimanche viendra vite.