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ANTOINE ET CLÉOPATRE.

CHARMION.

Que le ciel redresse nos mauvaises pensées !… Au tour d’Alexas ! Allons ! sa bonne aventure ! sa bonne aventure !… Oh ! qu’il épouse une femme qui ne sache pas se tenir, douce Isis, je t’en supplie ! Et que cette femme meure, et donne-lui-en une pire ! et qu’une pire succède à celle-ci, jusqu’à ce que la pire de toutes le mène en riant à sa tombe, cinquante fois cocu ! Bonne Isis, exauce-moi cette prière, quand tu devrais me refuser une chose plus importante. Bonne Isis, je t’en supplie !

IRAS.

Amen ! Exauce cette prière des fidèles ! Car, si c’est un crève-cœur de voir un galant homme mal marié, c’est un chagrin mortel de rencontrer un affreux maroufle non cocu ! Ainsi, bonne Isis, maintiens les bienséances, et qu’il soit loti congrument !

CHARMION.

Amen !

ALEXAS.

Ah ! vous le voyez ! s’il dépendait d’elles de me faire cocu, elles se feraient putains rien que pour ça.

ÉNOBARBUS.

— Chut ! voici Antoine.

CHARMION.

Non, pas lui, la reine !

Entre Cléopâtre.
CLÉOPÂTRE.

— Avez-vous vu Monseigneur ?

ÉNOBARBUS.

Non, madame.